La géomatique à l’Agence de la biomédecine : usages et enjeux¶

Apport de la géographie de la santé et de la modélisation spatiale aux problématiques d’attribution des organes en transplantation¶




Florian Bayer - florian.bayer@efs.sante.fr

La géographie


« Tout le monde croit que la géographie n’est qu’une discipline scolaire et universitaire dont la fonction serait de fournir des éléments d’une description du monde, dans une certaine conception “désintéressée” de la culture dite générale »
Yves Lacoste La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre. La Découverte ; 1976
La science qui applique l'approche spatiale à l’ensemble des autres sciences

  • J'ai choisi d'introduire cette présentation avec une citation d'Yves Lacoste tirée de La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre

Il nous dit :

« Tout le monde croit que la géographie n’est qu’une discipline scolaire et universitaire dont la fonction serait de fournir des éléments d’une description du monde, dans une certaine conception “désintéressée” de la culture dite générale »

  • Et 46 ans après, cette citation reste toujours aussi percutante quand à l'idée que l'on se fait de la géographie en France

  • Pour ma part, j'ai toujours vécu la géographie comme une science multidisciplinaire,


  • soit la science qui applique l'approche spatiale à l’ensemble des autres sciences.

  • C'est cette vision que j'ai souhaité mettre en avant, en abordant à travers le prisme spatial, la santé publique et l'épidémiologie.

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Santé, épidémiologie, santé publique, géographie de la santé


« Être en bonne santé c’est pouvoir tomber malade et s’en relever, c’est un luxe biologique.»
Georges Canguilhem Le normal et le pathologique. Presses Universitaires de France ; 1966

Sans transformer cette conférence en cours magistral, je vais vous donner quelques définitions pour mieux comprendre les enjeux.

  • Il y a de nombreuses définition de la santé. J'apprécie celle qu'en donne Canguilhem et qui a inspirer la définition de l'OMS : Être en bonne santé c’est pouvoir tomber malade et s’en relever, c’est un luxe biologique.

  • L'épidémiologie est la science qui étudie des facteurs influant sur la santé et les maladies de population : la répartition, la diffusion et les impacts de l'épidémide de COVID-19 sur la survie. Les facteurs de risques associé au fait de tomber malades. Mesurer les effets protecteurs des vaccins.

  • la santé publique est la science de prévenir les maladies, de prolonger la vie et d’améliorer la santé physique et mentale à un niveau individuel et collectif. Quelle mesure faut'il prendre pour protéger la population face à la COVID-19 et pour prendre en charge les malades. masques, distanciation, vaccination, l'ouverture de lits de réa.

  • Concernant la géographie de la santé, c'est un peu plus compliqué. Elle s’intéressant à la répartition spatiale des malades, des maladies et de leurs déterminants environnementaux, culturels ou encore sociodémographiques, comme autant de facteurs de risque. À cela s’ajoute l’étude de l’offre et des besoins en santé et du lien entre les deux : le recours aux soins. Les géographes de la santé étudient alors comment l’organisation des soins peut en partie modeler les territoires via des dynamiques classiques en géographie : centralité, frontières, attraction ou répulsion

Pour vous illustrer ce triptique épidémio, santé publique et géogrpahie, je vais m'appuyer sur mon expérience à l'Agence de la biomédecine
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  • Est-ce que vous connaissez ?
  • Agence sanitaire sous tutelle du Ministère de la santé, créée par la loi de bioéthique de 2004
  • Domaines de compétences concernent les soins à partir du corps humain :

    • Prélèvements et greffes d’organes,
    • de tissus et de cellules (CSH)
    • Procréation, embryologie et génétique humaine
    • Registres REIN
  • Missions : régulation, Promotion, mesure et amélioration de l’accès aux soins.

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Pourquoi de la géographie de la santé à l’Agence de la biomédecine ?

Mesurer l'offre et les besoins en santéComprendre les déterminants des maladiesRègles d'allocation des greffonsSimuler l'implantation d'un centre de soins et ses impactsAuprès des tutellesDes professionnelsDes maladesDe la société civileEvaluerOptimiserCommuniquer

  • Evaluer
    • l'offre et les besoins en santé
    • les déterminants des maladies
    • Où sont les malades ? Où sont-ils traités ? Facteurs environnementaux ou socio-démo augmentent le risque d’être malade ?
  • Optimiser
    • Composante géo des règles d’alloc.
    • Faut-il ouvrir un centre de dialyse ici ? Quel impact sur l’offre de soins ?
  • Communiquer
    • Grâce au vecteur cartographique
    • auprès des différents acteurs de la santé
    • Production documents opérationnels + plus values de l’interprétation du géographe : permet la prise de décision pour améliorer le quotidien des malades et leur accès aux soins

Enjeux de santé publique (offre de soins) et éthique (règles de répartition des organes avec composante géo : classement pour savoir qui va accéder au greffon)

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Quelles compétences ?

Comprendre les logiques et dynamiques spatiales appliquées à la Santé Publique Analyse de données Epidémiologie Langage de programmation Architecture Base de données Géographie Statistique Informatique Data Science Et les à-côtés... rédaction et notifications des appels d'offre, assistance à la maîtrise d'ouvrage, gestion du budget ... Cartographie et SIG Analyse spatiale

  • Géographie
    • Comprendre les logiques et dynamiques saptiales appliquées à la Santé Publique
    • Cartographie et SIG
    • Analyse et modélisation spatiale
  • Statistique
    • Analyse de données
    • Epidémiologie
    • Data Science
  • Informatique
    • Langage de programmation
    • Architecture DSI
    • Base de données </font>

Quelle architecture informatique ?

CSH Dialyse Organe Bases opérationelles Entrepôt de données IGN INSEE Atlasanté PMSI Référentiels externes Référentiel géographique BO SAS ESRI Distancier Flask / Python Etudes Portail web sécurisé 7 000 utilisateurs SIG, IDE, Jupyter DAO, PAO

Ressources

  • Ref géo interne-> Entrepôt -> bases op. niveau individuelle
  • Reg géo externe -> RGE, INSEE, données de santé
  • Référentiel : 40 fond de carte, 2 MNT (NASA et BD ALTI), 34 000 Etablissements géocodées toutes les nuits à l’adresses, 80 000 malades géocodées à l’adresse

  • Distancier produit en collaboration avec IRDES : BDTOPO + CLC + INSEE -> contexte traversé, avec pondération

  • Pour les études, SIG, mais de plus en plus 100% Pyhton. Programmation essentiel dans votre cursus
  • De moins en moins d'adhérence à ESRI, transfere vers python + flask

  • ABM à compris les enjeux de la géomatique puisque après 15 ans, double les effectifs

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Quelques exemples¶

Exemples de données cartographiées

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Création d'indicateur d'offre de soins

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La création de "clusters" de centre de dialyse à l'aide de la topologie

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Détection de clusters de cas anormaux de syndrome néphrotique idiopathique de l'enfant

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Impacts de l'ouverture d'un centre de dialyse au CH de Gonesse
Cartographie des risques sanitaires

Les enjeux de la géographie en greffe d'organes

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  • Plutôt que de démultiplier les exemples
  • J'ai préféré vous montrer comment l'ensemble de vos acquis universitaire, et ceux qui vont arriver avec votre Master Carthagéo, peuvent avoir des impacts réels sur la société.
  • Vous y retrouverez quelques cartes, du sig, des aspects sur la communication par la graphique.
  • Mais surtout, j'ai voulu insister sur des points qui font parti de votre cursus mais qui sont peu aborder dans ces conférences : l'analyse spatiale et les statistiques
  • Je vais donc suivre en seul et même fil conducteur pour vous parler des enjeux de la géographie en transplantation, deux mondes qui semblent pourtant bien distinct
  • Je vais donc résumer dans un premier temps les principaux enjeux qui existent entre la greffe d'organes et la géographie, j'y présenterai des axes de recherches pour y répondre. Nous verrons qu'un greffon est une ressource rare et fragile, qui impose des faire des choix ; en lien avec des enjeux géographiques

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Une pénurie d'organes qui impose des choix, en lien avec la durée ischémie froide¶

Deux points de contextes structure les enjeux et les motifs à agir en transplantation :

  • Premièrement, la pénurie : il y a plus de nouveaux inscrits que de greffons disponibles sur la même période. Cette situation conduit à l'accumulation des malades sur la liste nationale d'attente et à l'augmentation du nombre de décès sur liste.
  • Deuxièmement, l'absence de méthode de conservation des organes sur une longue durée donne ce caractère urgent à la transplantation
    • Cette urgence se mesure entre autres par la durée d'ischémie froide, la période pendant laquelle un greffon n’est plus vascularisé et privé d’apport en nutriments et en oxygène. Elle impacte la survie du greffon et donc du receveur.
    • un cœur verra sa reprise de fonction primaire se dégrader à partir de 3h d'ischémie froide.

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Des règles pour objectiver des critères de choix d'allocation d'une ressource rare¶

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Le processus global de la greffe se déroule comme ceci : les nouveaux malades sont inscrits sur une liste d'attente, nationale en France. Lorsqu'un donneur est qualifié, l'allocation des greffons aux receveurs est faite afin de déclencher le processus de la greffe. C'est une mission du Pole National de Répartition des greffons de l'Agence de la biomédecine. Le PNRG.

Aujour'hui, nos sociétés réclament d'être efficaces, juste (équité) et transparents. En greffe, ces principes ont pour socles les règles de répartition, élaborer par l'Agence de la biomédecine et ses partenaires.

  • Ses règles ont un cadre légal
  • et ont pour finalité d'objectiver des critères de choix lors de l'allocation d'une ressource rare.

Ses règles de répartition se décomposent selon deux dimensions

  • un dimension médicale qui peut être faite :
    • par l'attribution d'un organe à une équipe et le médecin décide du receveur dans sa liste (réduite à l'équipe)
    • par l'attribution d'un organe à un patient à l'aide d'un score basé sur des composante biologique, qui vise à maximiser un critère :
      • la survie sur liste
      • ou post-greffe
  • La seconde dimension est géographique
    • attribue le greffon dans des zone selon des maillages emboîtés, on propose à l'équipe de proximité, puis à un tour des équipes d'une zone intermédiaire avant de passer à un tour national des équipes
    • calcul la distance entre le site de prélèvement et le greffe : distance continue

Ces contraintes mélangeant pénurie, urgence, approche clinique et géographie ne sont pas sans poser des défis.

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Les motifs à agir : l'inadéquation spatiale de l'offre et des besoins¶

Disparités spatiales de l’offre et des besoins en greffe pulmonaire entre 2013 et 2018

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Le premier de ces défis est l'inadéquation spatiale des l'offre et des besoins en greffe

Si je représente à l'aide de deux cartes la localisation entre 2013 et 2018:

  • du nombre de prélèvement pulmonaires
  • du nombre de nouveaux inscrits en greffe pulmonaires
  • j'obtiens d'un côté une mesure de l'offre, de l'autre des besoins. L'interprétation géographique de ces nombres bruts montrent
  • que la majorité des prélèvements se font en IDF (plus de pop), mais c'est une vision qui est souvent oublié
  • il existe des disparité spatiale : plus d'offre à l'ouest, mais plus de besoin à l'est

Si la répartition des greffons se fait dans des zones d'allocations figées dans l'espace :

  • le greffon est attribué en priorité à l'équipe sa zone de prélèvement,
  • il y a donc un risque de voir apparaître des disparités d'accès à la greffe.

Nous sommes face à un problème d'équité d'accès aux soins d'un bien rare.

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Les motifs à agir : réduction des possibilités d'appariement¶

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Le second de ces défis concerne l'impact que peut avoir la géographie sur un score d'allocation patient.

  • Prenons un greffon hépatique prélevé dans la zone A. Il sera proposé en premier à l'équipe de la zone A
  • Pourtant, c'est l'équipe de la zone B qui est la plus proche. Mais n'étant pas dans la même zone, elle n'accède pas en premier au greffon en lien avec un effet de frontière
  • Cela pose également question si l'équipe de la zone B a dans sa liste un malade urgent, l'équipe de la zone A ayant un malade moins grave. Autrement dit, le modèle géographique peut réduire les possibilités d'appariement
  • de moins bons candidats à la greffe peuvent accéder aux greffons, aux contraire de meilleure candidat qui ne sont pas dans la "bonne" zone
  • ce qui peut avoir un impact sur la survie des malades sur liste ou post-greffe

Nous sommes face à un problème d'équité d'accès aux soins et d'efficacité.

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Les motifs à agir : des durées de trajets qui peuvent être optimisées¶

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Le dernier défis concernent la logistique du transport qui fait face à de nouvelles difficultées

Les transports entre le site de prélèvement et de greffe, ceux qui impactent la durée d'ischémie froide, se font soit en ambulance, soit par avion privé + ambulance. Pour les rein tgv ou vol air france, mais ce point n'est pas traité dans cette thèse

  • Si la durée d'ischémie froide chute continuellement depuis plusieurs années, elle semble avoir atteint un palier en greffe cardiaque avec 3h30 en moyenne et un écart-type de 50 minutes.

  • Les aéroports sont de moins en moins accessibles, alors que les allocations se font de plus en plus à l'échellon national

  • Nous sommes face à un problème de faisabilité et d'efficacité en santé publique

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Allouer dans l'urgence une ressource rare impose de faire des choix¶

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Pour résumer, la greffe d'organes doit faire face à une double contrainte pénurie / urgence.

Or, pour allouer une ressource rare, il est nécessaire de faire des choix.

  • Doit-on privilégier les territoires qui ont mis l'accent sur l'activité de recensement des donneurs ?
  • Faut-il aller plus loin pour mieux apparier le receveur et le donneur ? Avec le risque d'augmenter la durée d'ischémie froide
  • Faut-il prioriser les durées de trajets courtes pour minimiser la durée d'ischémie froide ?

Je ne répondrais pas à ces questions à la frontière de l'équité et de l'éthique, qui sont hors du champs de cette conférence, mais elles laissent entrevoir une problématique majeure et souvent oubliée en transplantation, à savoir


  • que les systèmes d'attribution des greffons reposent sur un équilibre entre principes d'équité, d'efficacité et de faisabilité

  • Mais qui peuvent être annihilés par des modèles géographiques inadaptés

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Hypothèses testées¶

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Trois hypothèses sont testées pour répondre à ces motifs à agir

  • Il est possible de rationaliser la construction de la dimension spatiale des règles d'allocation
  • Il est possible d'objectiver le role de cette dimension spatiale
  • Le compromis équité/efficacité/faisabilité des systèmes d'allocation peut être optimisé par la géographie </font>

Optimiser l’équité d’accès des équipes de transplantation aux greffons dans le cas d'une gestion de la distance discrète

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J'ai choisi de vous présenter en premier l'étude sur la mise en place de zones de prélèvement "optimisées" en greffe pulmonaire.

Il ne s'agit pas ici d'optimiser à l'aide de la géographie la survie sur liste ou post-greffe, qui n'est pas tellement un sujet pour cet organe : il y a peu de pénurie, ce n'est pas une greffe vitale pour la majorité des indications, mais une amélioration majeure de la qualité de vie.

En revanche, l'adéquation entre offre et besoin en greffe est une problématique majeure des organisations en charge de la transplantation dans le monde, notamment pour des questions d'équité d'accès aux greffons pour les patients.

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L'allocation aux équipes : exemple de la greffe pulmonaire¶

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En France, les poumons sont, avec le pancréas, les derniers organes qui suivent un système d'allocation sous la forme d'un tour des équipes dans des zones discrètes du fait de la faible pénurie et de l'absence de consensus sur un score d'allocation patient.

L'allocation se déroule de la façon suivante :

  • Si un greffon pulmonaire est qualifié à Bayonne, il sera proposé aux malades dont le pronostic vital est menacé à très court terme. Il n'y a pas de modèle géographique, l'urgence prime sur la distance.
  • S'il n'y a pas de receveur urgent qualifié pour ce greffon, il est proposé à l'équipe de transplantation de la zone à laquelle appartient Bayonne : Bordeaux. On parle de réseau de prélèvement local.
  • le greffons est ensuite proposé aux équipes du maillage supérieur selon un tour régional
  • Enfin, la proposition est faite selon un tour national des équipes.

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Motifs à agir : une inéquité d'accès aux greffons inter-équipes¶

Je parlais en introduction de l'impact des modèles géographiques sur l'adéquation entre l'offre et les besoins

La carte présentée correspond au premier niveau de maillage: le niveau local représentés par des réseaux locaux

  • Chaque point est un site de prélèvement. La couleur correspond à l'équipe de transplantation du réseau local
  • par exemple en vert, l'ancien réseau de l'équipe de Nantes
  • on constate que la taille de ces zones de prélèvement est très variable selon les équipes.
  • or je vous ai dit que l'épidémiologie du prélèvement pulmonaire était très spatialement différente de celles des inscrits

Pour mesurer l'adéquation entre offre et besoins, nous pouvons calculer le rapport entre:

  • le nombre de greffons prélevés dans un réseau local sur une période : offre (environ 400 pour Nantes)
  • et le nombre de nouveaux inscrits par l'équipe de transplantation de la même zone sur la même période : besoins (environ 120 pour Nantes)
  • Pour de multiples raisons que je pourrais expliquer plus tard, nous prenons ici le nombre de greffés et non le nombre d'inscrits pour les besoins

En relativisant l'offre et les besoins, on constate que

  • le réseaux de l'équipe de transplantation de Nantes dispose de 3 fois plus de greffons pulmonaires que de greffés entre 2013 et 2018
  • Dans les équipes parisiennes, ce ratio est de 0.1

Avoir un ratio offre/besoin élevé permet d'avoir plus fréquemment des propositions et donc de choisir le meilleur donneur pour son receveur :

  • on peut questionner l'équité de la situation en terme de santé publique

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Hypothèse

Les zones de prélèvement de greffons peuvent être optimisées spatialement afin de satisfaire un critère d’équité inter-équipe

Cette hypothèse est challengée par une évaluation de type avant / après en greffe pulmonaire

Les zones de prélèvement de greffons peuvent être optimisées spatialement afin de satisfaire un critère d’équité inter-équipe Cette hypothèse est challengée par une évaluation de type avant / après en greffe pulmonaire

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Solution proposée : optimiser la taille des réseaux en fonction de l'offre et des besoins¶

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L'idée est d'optimiser la taille des réseaux de prélèvement en équilibrant l'offre et des besoins

Je teste toutes les combinaisons possibles de réseau de prélèvement pour chaque équipe de greffes

  • un site de prélèvement en vert ne peut appartenir au réseau que d'une seule équipe de transplantation en rouge
  • le nombre de greffon prélevés sur la période est indiqué, ainsi que le nombre de greffes pour l'équipe
  • à chaque combinaison, calcul: -le ratio prélèvement du réseau testé / nombre de greffes de l'équipe -la variance et la moyenne des 3 ratios

Le calcul de ces combinaisons est un problème NP-complet (résolution passe par un processus exponentiel, mais la solution est rapide à vérifier) Pour des contraintes de temps, j'ai résolu ce problème par un algorithme force-brute sous contraintes

  • Le critère d'optimisation est la minimisation de la variance des ratios offre/besoin entre les équipes
  • les contraintes du modèles sont :
    • une moyenne du ratio proche de 0.5
    • une distance maximum entre l'équipe de greffe et le site de prélèvement de 2h

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Résultats : conception des nouveaux réseaux¶

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Plusieurs solutions ont été proposées et discutées avec les équipes de greffe pulmonaires

  • la première carte correspond aux anciens réseaux
  • le modèle 1 est celui qui répond le mieux à notre critère d'optimisation : la variance est très proche de 0, toutes les équipes ayant des ratios proches de 0.5. Sauf Strasbourg, en lien avec l'épidémiologie du prélèvement faible dans l'est
  • le modèle 2 celui qui a été retenu, après ajustement
    • suite à de nombreux échanges avec les équipes. Des compromis sur ce modèle ont été faits
    • Il y avait la volonté de certaines équipes de garder des sites dans leurs réseaux locaux (maintien de l'activité de prélèvement, raison historique, conventions)
    • Si ce n'est pas le meilleur, ce modèle reste toutefois plus équitable que la situation originale.

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Evaluation des nouveaux réseaux : population et méthodes¶

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Ces réseaux locaux dits optimisés ont été mis en place en septembre 2020

  • Je les ai évaluer à un an (: de septembre 2020 à septembre 2021 vs septembre 2018 à septembre 2019 : PO impacté par épidémie SARS-Cov2

  • Comme pour toutes les études présentées aujourd'hui, j'ai utilisé la base de données Cristal qui contient toutes les informations sur les donneurs et receveurs. Nous l'utilisons pour l'allocation des greffons, le suivi avant et post-greffe

  • Analyse univariée acitvité des équipes, distances parcourues, durée d'ischémie froide (tests appariés)

  • survie sur la liste : prise en compte de risques concurrents avec un estimateur d'Aalen-Johansen et non Fine and Gray (pas d'ajustement).

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Résultats : pas de changement sur l'activité et la logistique des équipes¶

Activité

Pas de changement relatif d'activité entre les équipes

Local: 19 à 14%

National: 48 à 60%

Logistique

Pas de différence sur les distances (432 à 406 km en moyenne, p=0,36)

Réduction de 15 minutes de la durée d'ischémie froide moyenne (p=0.06)

  • Baisse logique des attribuation locales de 19 à 14%, ce qui reste modéré
  • Augmentation des allocations nationales de 48 à 60%, en lien aussi avec la disparition du tour régional

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Résultats : sans impacter la survie sur liste et post-greffe¶

  • Pas de changement avant/après sur la survie sur liste (zoomer sur les déces)
  • ou post-greffe à 3 mois

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Résultats : une amélioration de l'équité d'accès aux greffons pulmonaire¶

En termes de résultats, il n’y a pas de changement significatif sur l'activité des équipes, sur les distances parcourues, la survie sur liste, l'accès à la greffe et la survie post-greffe. Une baisse à la limite de la significativité pour la durée d'ischémie froide, -15 minutes en moyenne. Concernant l'activité de greffe et la survie, ses résultats s'observent aussi bien pour l'ensemble des équipes que pour chaque équipe.

Le principal changement se trouve dans le nombre de propositions faites aux équipes de greffe, rapporté au total candidats de l'équipe sur la période. nouveaux inscrits + malades restant en attente sur chaque période

Sur la période avant, l'équipe de Nantes avait en moyenne 4,1 propositions de greffons pulmonaires pour 1 candidat sur liste. 2.4 un an après la mise en place des nouveaux réseaux

Le rééquilibrage des réseaux de prélèvement à permi de réduire les disparités inter équipes

  • avec une baisse à la limite de la significativité de l'écart-type 0,92 à 0,53 (levene) : ce que l'on cherchait à faire. La baisse de la variance est bien un critère d'équité, même si une variance sur 9 individus est critiquable à raison au niveau puissance.

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Optimiser l'équité d'accès à la greffe dans des zones d'allocations : conclusion¶

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En conclusion, les principaux apports scientifiques sont les suivants :

  • Il s'agit d'une méthode simple à mettre en place, généralisation et ajustable. L'algorithme a été réutilisé pour d'autres études et est mis à disposition sur github
  • Sa finalité est compréhensible par tous : ajuster la taille des réseaux en fonction de l'offre et des besoins
  • Il y a une forte appétence à l'international pour ses modèles. Beaucoup visent à optimiser les distances, certains l'offre (avoir un même nombre de prélèvement)
  • L'originalité de ce travail étant l'ajout de l'adéquation offre/besoin

Les limites portent sur la résolution d'un problème NP-complet par une méthode force brute sous contrainte

  • J'ai pu tester différents algorithme, dont des heuristiques knapsack, mais qui ne donnait que le meilleur résultat
  • Je n'ai pas pu poursuivre dans cette voie faute de temps, mais l’algorithme disponible sur Github est optimisé. Pour les 9 équipes de greffe et un peu moins de 200 sites de prélèvement, le problème est résolu en moins de 5 minutes. Mais il n’est pas possible d’ajouter plus de 20 sites de prélèvement par équipe de bref sans explosion combinatoire. Des regroupements d'établissements permettent de contourner cette limite
  • J'aurais également souhaité utiliser des heuristiques en topologie. Je n'ai pas pu, mais mes recherches m'ont beaucoup aidé sur d'autres études, notamment sur la mise en place de regroupement de centre de dialyse pour l'évaluation ainsi que pour des propositions de nouveaux schémas interrégionaux de l'offre de soins en greffe.

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Optimiser la gestion de la distance continue à l'aide d'un modèle gravitaire

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La seconde étude porte sur l'optimisation la gestion de la distance continue à l'aide d'un modèle gravitaire.

L'objectif est de faire un compromis entre l'urgence et la distance, afin d'améliorer l'efficacité des scores d'allocation mais aussi leur équité.

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Contexte : le score foie jusqu'en 2011¶

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Tendance depuis 15 ans à utiliser des scores d'allocations patient pour les classer : foie, coeur et rein

Après les séquences d'urgences et locales, application du score d'allocation

  • une combinaison de fonction mathématiques basée sur les bilans médicaux des malades qui compte pour 1000 points
  • Foie pour les cirrhoses isolée, on utilise le MELD :
    • 40, 100% de risque de dc dans les 3 mois
    • 14 ou moins, il y a plus de risque de décéder de l'opération que d'attendre sur la liste : il ne faut pas les greffer
    • C'est donc un critère d'efficacité évoqué précédemment : il est utilisable pour minimiser les décès sur liste
    • Le score foie vise donc à greffer en "juste-à-temps"
  • S'ajoute à la dimension médicale la dimension géographique :
    • calcul de la distance entre le site de prélèvement et de greffe
    • une fonction décroissante de la distance donne de 300 à 0 points

Jusqu'en 2011

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Motifs à agir¶

Je l'évoquais dans les motifs à agir : un jour donnée, la maximisation du critère défini par un score ne peut pas être atteinte si le choix des receveurs est limité à la seule liste de l'équipe

  • Des malades non urgents peuvent être greffés avant d'autres plus urgent, car en dehors du réseau local

Les effets des ces problèmes sont visibles dans ce graphique

  • de la répartition des greffes pour les cirrhose isolée, par classe de MELD et par classe de distance
  • Lorsque j'ai présenté le score foie, j'ai précisé que pour les cirrhoses isolées, la greffe de malades MELD inférieur ou égal à 14 était à proscrire
  • Mais le modèle géographique l'autorisait
  • De plus, les malades les plus graves semblaient être surtout greffés avec des greffons venant de plus loin
  • Comme nous le verrons plus tard, les modèles géographiques additifs ne sont pas assez discriminants

Nous nous retrouvons donc ici face à un problème d'équité d'accès aux greffons et d'efficacité des règles de répartition. Le principe de la greffe en juste-à-temps du score fois est perturbée par le modèle géographique

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Hypothèse¶

Une interaction entre l’urgence de la greffe et la distance conduit à la réduction de la mortalité sur liste ou post-greffe

Cette hypothèse est challengée par une évaluation de type avant / après en greffe hépatique

Une interaction entre l’urgence de la greffe et la distance conduit à la réduction de la mortalité sur liste ou post-greffe Cette hypothèse est challengée par une évaluation de type avant / après en greffe hépatique

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Solution proposée : mise en place et évaluation d'un modèle gravitaire pour l'allocation des greffons¶

« Tout interagit avec tout, mais deux objets proches ont plus de chances de le faire que deux objets éloignés »

Waldo Tobler "A computer movie simulating urban growth in the Detroit region." 1970.

Pour cela, j'ai utilisé un modèle gravitaire issue des principes de l'interaction spatiale

Ces principes peuvent être résumés par une citation de Tobler, désignée comme la première loi de la géographie :

Tout interagit avec tout, mais deux objets proches ont plus de chances de le faire que deux objets éloignés

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Méthodologie : conception du modèle gravitaire¶

\begin{equation} \Large F=G\times\frac{m_{i}\times m_{j}}{d_{ij}{^{2}}} \end{equation} \begin{align} \nonumber \\ \large F&: \large \mbox{Force d'attraction} \nonumber \\ \large G&: \large \mbox{Constante gravitationnelle} \nonumber \\ \large m_i&: \large \mbox{Masse de i} \nonumber \\ \large m_j&: \large \mbox{Masse de j} \nonumber \\ \large d_{ij}&: \large \mbox{Distance entre i et j} \nonumber \end{align}
\begin{equation} \Large Score\:Foie=\frac{Score\:Foie\:Hors\:Distance}{\exp{0,4\times\frac{D^{0,15}}{\sqrt{K}}}} \label{equ:mgfoie} \end{equation}

  • Modèle très utilisé en géomarketing : Analogie avec la loi de gravitation de Newton : la force d'attraction est égale au produit des masses de deux corps divisé par la distance au carré
  • On n'ajoute plus à la fonction médicale la fonction de la distance, mais on divise le score foie hors distance par la distance
  • Les paramètres ont été calibrés par itérations de simulation à partir de cohortes historiques, puis nous avons fait des tests avec Benoit Audry sur sa plateforme de simulation en fonction de scénarios que je lui proposais. Nous avons conservé les freins qui satisfaisaient à un critère de maximisation de la survie sur liste.
  • Je ne rentre pas plus ici dans les paramètres de cette fonction de la distance, nous pourrons revenir dessus lors de la séance de questions
  • Compléments :
    • il n'y a pas de masse du donneur, qui pourrait s'apparenter à la qualité du greffon : il faudrait une mesure de cette qualité, et il est difficile de connaître l'état du greffon avant que le prélèvement débute
    • la fonction de la distance est anisotrope dans un espace euclidien (terme que j'ai peu à peu éclipsé au fil du temps suite aux regards étonnés des transplanteurs). Autrement dit, l'espace n'a pas les mêmes propriétés selon les équipes
    • offre une compensation pour les équipes en position frontalière et donc de satisfaire une certaine équité d'accès aux greffons
    • a distance égale, l'équipe de strasbourg aura moins d'opportunité de prélèvement qu'une équipe parisienne
    • J'utilise également une fonction exponentielle modifiée permet de paramétrer finement le frein de la distance
    • ce frein est essentiel car il permet de déterminer le compromis entre l'urgence et la distance
      • Pour illustrer : pour acheter une baguette, le frein de la distance est élevé. On ne fait pas 10 km pour une boulangerie
      • Pour les fêtes, je suis prêt à faire 10 km pour acheter un gâteau chez Conticini ou Lignac. Le frein de la distance est plus faible

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Principes de l'interaction spatiale appliquées au Score Foie¶

...

  • Effet de taille : à distance égale, l'importance des relations entre deux lieux est proportionnelles à leurs capacités d'émission et de réception
  • Effet de distance : A poids égal, l'importance des relations entre 2 lieux est inversement proportionnelle à leur distance
  • loi de la gravitation de newton
  • appliquée à la géo : physique sociale, en vogue dans les années 40
  • modélise bien des flux, modèle utilisé en géomarketing

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Méthodologie : principes de l'interaction spatiale¶

...

  • Effet de taille : à distance égale, l'importance des relations entre deux lieux est proportionnelles à leurs capacités d'émission et de réception
  • Effet de distance : A poids égal, l'importance des relations entre 2 lieux est inversement proportionnelle à leur distance
  • loi de la gravitation de newton
  • appliquée à la géo : physique sociale, en vogue dans les années 40
  • modélise bien des flux, modèle utilisé en géomarketing

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Le rôle de la plateforme de simulation¶

Remarques sur la plateforme de simulation et l'ajustement du frein de la distance dans le modèle gravitaire

  • l'idée est de se baser sur les déplacements existants pour déterminer un frein observé de la distance à l'aide d'une regression de Poisson

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K équipe¶

...

Illustrations des effets du modèle gravitaire¶

  • Illustration de la mise en concurrence entre les patients
  • Ici, un seul patient représenté par équipe pour des raisons de simplicité
  • Patient à Lille avec un score foie hors distance 1000 points, les autres à 900
  • A gauche, l'ancien modèle additif, à droite le modèle gravitaire
    • avec l'ancien modèle, aucune compétition : le malade de lille attire tous les greffons du territoire
    • avec le MG, introduit de la compétition : zone d'influence du patient de lille est la plus grande, mais les autres équipes peuvent également attirer le greffon s'il est assez proche

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Illustrations des effets du modèle gravitaire (2)¶

  • Évolution constante en fonction du score des malades
  • Peut voir ça comme une zone d'allocation patient dont la taille évolue en fonction de son score hors distance
  • le patient de Toulouse est un bon candidat à la greffe, mais moins urgent que les autres. Il pourront attirer le greffon si ce dernier est très proches

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Evaluation du modèle gravitaire : population et méthodes¶

...

Mise en place du MG en 2011. Evaluation 4 ans avant et 4 ans après

  • analyses univariées

  • Survie sur liste, Aalen-Johansen. Inclusion des prévalents et des incidents, également pour le Cause specific HR. Comme pour le poumon, le fait d'avoir les mêmes malades sur la première et seconde période (794) n'a pas été pris en compte dans les tests.

  • Survie post-greffe, modèle de Cox ajusté sur le DFG à la greffe et l'intubation, sur l'individu de référence. Le DFG et l'intubation sont de bons prédicteurs de survie post-greffe utilisés dans les publications de l'Agence.

Compléments :

  • représente 9 et 18 % des deux cohortes pour l'étude sur le score foie

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Résultats : Baisse de l'incidence des décès et retraits sur liste pour aggravation¶

...

Baisse non significative de l'incidence des décès pour des questions de puissances, mais tendance visible

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Résultats : prise en compte des risques concurrents sur la liste nationale d'attente¶

...

Un résultat majeur du MG est la réduction d'environ 15% des décès sur liste après la mise en place du modèle, qui peut s'expliquer par une meilleure redistribution en juste à temps des greffons

Si je m'intéresse à la prise en compte des risques concurrents sur la liste nationale d'attente

  • sur la probabilité d'événements de décès sur liste
    • Réduction des décès est maintenant identique par classe de MELD : amélioration de l'efficacité et de l'équité du score foie
  • Priorisation de l'accès à la greffe des malades en fonction de la classe de MELD, ici tous malades confondus ce qui explique qu'il y ai des malades MELD inf14 qui accèdent à la greffe

Complément

  • L'analyse du Cause-specific hazard ratio de montre, après ajustement sur la classe de MELD, un effet protecteur du modèle gravitaire (CHR = 0,84 [0,73; 0,96] p-value = 0,01).

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Résultats : modèle de Cox post-greffe¶

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Résultats : redistribution des allocations en juste-à-temps¶

Vous reconnaissez ce graphique, la répartition des greffes pour cirrhoses isolées par classe de MELD et de distance, avant et maintenance après le MG Redistribution du MELD en fonction de la gravité : meilleur compromis entre l'urgence et la distance

  • Quasiment plus aucune greffe cirrhose isolé MELD inf ou égal 14
  • Greffes même plus de MELD elevé dans la proximité, chose qui était compliqué avec le modèle additif

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Résultats : mortalité post-greffe¶

...

Il faut savoir que la durée d'ischémie froide à été réduite d'une heure entre les deux périodes

La survie post-greffe a été évaluée à trois ans. Sans et avec ajustement, la survie est significativement plus élevée pour les malades greffés lors de la mise en place du modèle gravitaire

L’analyse du modèle de Cox montre un bénéfice de survie significatif sur la seconde période, sans et avec ajustement (HRa=0,83[0,75;0,92], p-value= 0,003)

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Résultats : modèle de Cox post-greffe¶

...

Optimiser la gestion de la distance à l'aide d'un modèle gravitaire : conclusion¶

...

L'ajout d'un compromis urgence/distance permet aux malades les plus graves d'attirer un greffon, peu importe son éloignement. Les bons candidats mais moins urgents peuvent attirer les greffons proches.

  • Ce compromis a permi de réduire de 15% l'incidence des décès sur liste

  • On constate aussi une réduction de la durée d'ischémie froide, dont une partie pourrait être liée au remplacement de la gestion additive peut discriminante et qui "forçait" les malades les plus graves à aller chercher des greffons plus lointain, ce qui n'est plus le cas maintenant.

En terme d'apports scientifiques,

  • Il s'agit d'un modèle multiplicatif en totale rupture avec ce qui est fait ailleurs
  • Nous avons été contacté par l'UNOS, qui gère la transplantation aux USA, je reviendrai dessus à la fin
  • Le MG a aussi été appliqué aux nouveaux score reins et coeur, nous devrions l'utiliser pour le futur score pancréas

Les limites :

  • Un modèle qui est complexe, qui doit être paramétré par simulations
  • Des guides ont été développés pour aider les transplanteurs et patients
  • Les résultats sont à relativiser
    • le MG a été mis en place en même temps que des modifications pour les CHC. Les analyses ont été également appliqué par sous groupes de maladies et donnent les mêmes résultats
    • Il y a eu de nouveaux traitements contre le VHC et une partie de la réduction de la durée d'ischémie froide est sans doute imputable à la mise en place du pôle national de régulation des greffons en 2011

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Réduire la durée d'ischémie froide en simulant l'utilisation de nouveaux vecteurs de transport

...

Cette dernière étude porte sur l'optimisation les possibilités offertes par les outils informations de la géographie (géomatique) combiné à l'épidémiologie pour proposer des solutions visant :

  • à réduire la durée d'ischémie froide par l'utilisation de vecteurs de transports innovants
  • et l'impact de cette réduction sur la survie post-greffe

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Contexte : des difficultés liées au prélèvement et au transport¶

...

  • Difficulté à réduire la durée d'ischémie froide en greffe cardiaque, 3h30 en fr pour un écart-type de 50
  • 5 à 6 prélèvements par jour, plutôt la nuit
  • 6 à 10 avions privés pour les équipes

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Tendance à la fermeture des aéroports¶

  • Sur les carte de gauche, les aéroports, à droite les sites autorisé au prélèvement d'organe à moins de 30 minutes en voiture d'un aéroport
  • en haut le jour, en bas la nuit

  • 65% des sites PMO à moins de 30 minutes d'un aéroport le jour

  • 28% la nuit
  • Fermeture des aéroports

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Des difficultés sur les distances 100 à 300 km¶

...

Opportunités ?¶

  • 100 et 300 km correspond justement au rayon d'action des hélicoptères sanitaires
  • Quelques transports d'organes sur 5 km par drone
  • Mais il est difficile de mobiliser ces vecteurs pour faire des études épidémiologiques type cas/témoin
  • J'ai proposé d'utiliser un système d'information géographique (SIG) pour simuler l'effet de ces vecteurs sur le transport des organes

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Hypothèse¶

Les outils de la géomatique permettent de simuler l'utilisation de moyens de transports innovants afin de réduire significativement la duré d'ischémie froide et d'augmenter la survie post-greffe

Cette hypothèse est challengée par l'utilisation de micro-simulations sur les principaux organes greffés et d'un modèle prédictif de survie en greffe cardiaque

Les outils de la géomatique permettent de simuler l'utilisation de moyens de transports innovants afin de réduire significativement la duré d'ischémie froide et d'augmenter la survie post-greffe

Cette hypothèse est challengée par l'utilisation de micro-simulations sur les principaux organes greffés et d'un modèle prédictif de survie en greffe cardiaque

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Solution proposée : microsimulations pour déterminer le gain sur l'ischémie¶

...

  • Dans la base de données Cristal, nous ne disposons ni de la durée de transport, ni de la modalité de transport

    • Je recalcule le temps de trajet entre le site de prélèvement et l'équipe de greffe en fonction des différents vecteurs
    • Dans l'exemple, 2h par la route, 1h par l'hélicoptère. L'avion n'est pas possible pour ce trajet
  • En revanche, la durée d'ischémie froide est connue dans Cristal. Je peux donc calculer une durée d'ischémie froide simulée, c'est-à-dire la durée d'ischémie froide observée moins l'écart entre le scénario sans et avec l'hélicoptère. Ici, un gain d'une heure

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Simulation des temps de transports avec un SIG¶

Population et méthodes¶

...

Réseau de transport a été créé avec un SIG, afin de recalculer les temps de trajet de toutes les greffes adultes cardiaques, hépatiques, pulmonaires et rénales entre 2015 et 2019.

  • Une analyse univariée sur tous les greffons permet d'évaluer les gains de l'hélicoptère et du drone par rapport aux autres vecteurs
  • Un modèle prédictif de survie post-greffe
    • mais uniquement sur la greffe cardiaque et sur la distance 100 à 200 km
    • j'ai mis en place un training modèle basé sur un modèle de Cox.
    • Dans le modèle,
      • ischémie observée
      • antécédent de cancer
      • et âge du donneur,
    • qui sont des variables utilisées dans notre outil d'alerte des échecs de greffes cardiaques. Leur effet stable dans le temps pour mesurer la survie en font de bons facteurs d'ajustement pour notre modèle prédictif
    • après validation du modèle, j'ai remplacé les données de l'ischémie observé par l'ischémie simulée

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Résultats : simulations sur l'ensemble des greffons¶

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Sur l'approche univariée je vais me concentrer sur les hélicoptères

  • 0 et 100 km, on confronte l'hélicoptère à l'ambulance : gain moyen de 10 minutes
  • mais entre 100 et 200 km, gain moyen d'1h
  • entre 200 et 300 km, je n'ai pas mis en concurrence l'avion et l'hélicoptère volontairement dans le manuscrit, afin de conserver une certaine cohérence et simplicité. Il aurait fallu utiliser des appareils avec des caractéristiques très différentes et qui ne sont pas disponibles sur l'ensemble du territoire

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Résultats : modèle prédictif de survie¶

Modèle prédictif en greffe cardiaque pour évaluer l'effet qu'aurait une réduction de l'ischémie froide sur la ditance 100 - 200 km en greffe cardiaque:

  • aire sous la courbe ROC 0.84
  • observé 56 décès, le training modèle en prédit 56,3
  • Predict de la library survival R qui donne le nombre attendu d'événement and fonction des covariables et de la durée de suivi
  • en remplaçant l'ischémie observé par l'ischémie simulé : 28,3 décès, en lien avec une réduction d'une heure en moyenne de la durée d'ischémie froide
  • 75% de survie post-greffe observée à 1 an vs 86% dans le modèle prédictif (courbes généré avec ggadjustedcurves de survminer)

Complément

  • HR de l'ischémie dans le modèle ajusté et de 1,97 IC[1,36 ; 2,8}

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Résultats : l'hélicoptère, une alternative pour le transport d'organes sur des distances intermédiaires¶

L'hélicoptère, une alternative pour le transport d'organes sur des distances intermédiaires

Scénario très restrictif :

  • le gain de temps est sans doute supérieur à 1h.
  • Pas de concurence avec les avions dans les scénarios présentés, mais sur la distance 200-300 km des simulations avec des hélicoptères pouvant faire l'A/R sans avitailler montrent un gain de 30 minutes en moyenne

Contrairement à ce que laisse penser cette affiche de l'armée de terre, les hélicoptères ne sont pas utilisés pour le transport d'organe en métropole. Quels hélicoptères ?

  • Focalisé sur les Hélismur
  • Vols possibles de nuit.
  • cout moindre que l'avion privé grace àaux forfait 850€ v.s. 1500€/H
  • Hors maintenance, les HéliSMUR ne volent pas 90% du temps
  • Ne pas proposer l’hélicoptère pour tous les déplacements, mais uniquement lorsque le gain d’ischémie est important
  • ne peut se faire que par la mise en place de projet pilote, avec des Helismur, les ARS et des centres greffeurs volontaires.

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Résultats : les drones, une perspective à moyen et long terme¶

Les gains sur le temps de transport ne sont pas encore suffisant. Prérequis techniques pour être plus performant que l’avion et l’ambulance :

  • eVTOL + aile porteuse, distance franchissable > 300 km et une vitesse de croisière > 150 km/h.
  • Charge utile suffisante pour un conteneur, idéalement une machine à perfuser : pas le cas aujourd’hui pour un décollage vertical.

Avantages :

  • Pas de personnel à bord, ce qui réduit les risques
  • Coûts d’exploitation faibles que l’avion et l’ambulance

Evolution de la réglementation UE et française. DGAC cherche des projets tests (contact Lifelines-ABM pour un test échantillon biologique)

Mais suppose de mettre en place une mutualisation du prélèvement d’organes et de tracer les greffons

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Optimiser la gestion de la distance à l'aide d'un modèle gravitaire : conclusion¶

...

Avec cette étude, j'ai montré que

  • l'utilisation des hélicoptère pouvaient au minimum réduire d'une heure la durée d'ischémie froide sur certaines distance
  • ce qui permettrait de réduire les décès post-greffe à un an en greffe cardiaque

Les apports scientifiques et opérationnels sont multiples :

  • La construction d'un distancier national et multimodal incluant la route, l'avion, l'hélicoptère, le drone et bientôt le train / vol air france n'est pas commun.
  • L'utilisation des hélicoptères seraient une solution face à la fermeture des aéroports, la plupart des sites de prélèvement et des équipes de greffe étant à moins de 200m d'une hélistation
  • Le Pr Kerbaul de l'Agence de la biomédecine m'a informé mardi dernier qu'il avait été contacté par le chef de la base hélicoptère de la Sécurité Civile de Paris. Ce dernier étant très intéressé par cette étude
  • J'ai peu parlé des drones pour simplifier le message, mais cette étude à permis de définir des caractéristiques nécessaires pour que leur utilisation soit efficace. Nous pourrons revenir dessus si vous avez des questions

Concernant les limites :

  • Avec 56 décès observés dans cristal et 56,3 décès prédit dans le modèle, je me suis rapidement demandé si je n'overfittais pas le modèle prédictif. J'ai fait des tests de sensibilité sur le training modèle, de la cross-validation k-fold : les résultats étaient comparables
  • Néanmoins, il est nécessaire de généraliser ce modèle à toutes les distances;
    • je l'ai limité aux distances où l'effet de la durée d'ischémie froide sur la survie était encore linéaire, ce n'est pas le cas au delà
    • Il faudrait au moins faire un modèle de Cox par classes de distances, ce qui n'est pas le cas dans le manuscrit

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Conclusion générale¶

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Nous voici donc arrivé à la conclusion générale

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¶

Quelles réponses proposées face aux enjeux de la greffe ?

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Quelles réponses proposées face aux enjeux de la greffe ?

Une ressource rare et fragile, qui impose de faire des choix. En lien avec des enjeux géographiques

J'ai essayé de vous montrer comment vos connaissances théoriques et techniques en tant que géographe, cartographe, géomaticiens peuvent avoir des impacts concret, ici avec l'exemple de la santé publique.

  • Premièrement, en optimisant la distance au sein des règles d'allocation. En optimisant la notion de greffe en juste à temps à l’aide d’une fonction continue de la distance grace à des outils de l'analyse spatiale
  • Deuxièmement, en proposant un moyen de réduire la durée de la composante transport de la durée d’ischémie froide. Une solution a été proposée via l’utilisation d’outils de la géomatique pour simuler les impacts de l’utilisation de nouveaux vecteurs
  • Les différentes hypothèses que j'avais poser en introduction n'ont pas été contredites

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Quelle place de la géographie en santé publique et épidémiologie ?¶

« La géographie de la santé est une mal-aimée de la géographie française […] mais elle est également une mal-aimée des spécialistes français de l’épidémiologie et de la santé publique »
Gérard Salem, Géographie de la santé, santé de la géographie. Espace Populations Sociétés ; 1995
« L’épidémiologie attend de la géographie qu’elle fasse preuve de son aptitude à décrire et expliquer l’organisation et la dynamique d’espaces, et les inégalités spatiales variées qui en sont la manifestation. »
Emmanuel Vigneron, La géographie de la santé : un agenda qui se précise. Espace Populations Sociétés ; 1995

Je vais prendre un peu de recul sur toutes ces disciplines au cœur mon métier : quelle est la place de la géographie en santé publique et épidémiologie ?

Gérard Salem, un des fer-de-Lance de la géographie de la santé en France, disait en 1995 que La géographie de la santé est une mal-aimée de la géographie française […] mais elle est également une mal-aimée des spécialistes français de l’épidémiologie et de la santé publique.

Dans le même ouvrage, Emmanuel Vigneron, un autre visage majeur de la géographie de la santé en France, précisait : L’épidémiologie attend de la géographie qu’elle fasse preuve de son aptitude à décrire et expliquer l’organisation et la dynamique d’espaces, et les inégalités spatiales variées qui en sont la manifestation.

Aujourd'hui, la place de la géographie en santé est peut-être un peu moins ambiguë en France. Mais cette géographie de la santé reste enfermée en épidémiologie entre cette vision descriptive qu'évoquent Yves Lacoste et une vision opérationnelle, accaparée par la géomatique.

  • Géocodage des malades,
  • calculer des temps de trajet aux services d'urgences
  • ou encore modélisation des facteurs de risques environnementaux et leurs effets sur la population.

Quant aux géographes de la santé, ils n'oublient pas qu'ils sont aussi classés comme une science sociale, en s'intéressant à la construction et aux dynamiques qui lient les Hommes à leur territoire sous le prisme de la santé au sens large.

A mon sens, votre force dans vos futurs métiers sera de tirer partie de votre capacité à comprendre les dynamiques spatiales, tout en proposant des outils techniques :

  • pour traiter l'information géoagraphique à l'aide des SIG
  • pour proposer des modélisations visant à comprendre et optimiser ces dynamyques
  • pour les représenter par le vecteur cartographique

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Un carambolage des disciplines pour les réconcilier toutes

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De mon expérience je pense que c'est par une approche transversale à différentes disciplines que la géographie de la santé prend finalement toute sa saveur.

Cette transversalité se retrouve

  • dans les thématiques abordées : transplantation, santé publique, transport. Je suis même allé pioché dans l'astrophysique
  • dans les compétences acquises et mobilisées : algorithmie, approche scientifique, épidémiologie
  • dans les métiers impliqués : géographie, informatique, santé
  • dans les missions : toutes les études présentées ont un volet recherche, évaluation, opérationnelle et transmission du savoir

Et finalement, nous revenons à ma vision de la géographie exposée en introduction : la géographie comme un carambolage des disciplines pour les réconcilier toutes.

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Quels apports de la géographie de la santé et de la modélisation spatiale aux problématiques d’attribution des organes en transplantation ?¶

La géographie, ça sert, aussi, à faire la greffe
...
La géographie, ça sauve, aussi, des vies

Pour conclure, Quels sont les apports de la géographie de la santé et de la modélisation spatiale aux problématiques d’attribution des organes en transplantation ?

Outre la multidisciplinarité qui permet de faire avancer la science, j'ai voulu vous montrer que dans le domaine de la transplantation, la géographie ne s'inscrit plus uniquement dans une logique pragmatique, mais qu'elle s'inscrit aussi :

  • dans une logique d'équité, notamment face aux disparités d'accès aux soins
  • dans une logique de faisabilité, en ouvrant la porte à de nouveaux vecteurs de transport

Ce qui nous ramène à l'oeuvre d'Yves Lacoste que j'évoquais en introduction, finalement, la géographie, ça sert aussi à faire la greffe


  • Mais pas seulement, car l'efficacité est aussi impactée par une meilleure utilisation de la géographie dans les modèles d'allocation.
  • Je conclurai donc cette présentation en annonçant que la géographie, ça sauve aussi des vies

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Merci pour votre attention